Archives de catégorie : Personnages

Personne réelle ou mythique d’un récit.

Qui administre la commune de Pleumeur-Bodou

La réponse à cette question se trouve dans le registre des délibérations du Conseil Municipal de Pleumeur-Bodou, dont Pierre STRNISTE a extrait les passages ci-dessous.

Au 19ème siècle, la commune de Pleumeur est administrée par un Conseil municipal qui “s’adapte” aux divers gouvernements de la France et aux profonds changements de régimes.

Il prête serment de leur être fidèle et obéissant et ne recule devant aucune manière de prouver son attachement !

Le 25 septembre 1814 – Serment d’obéissance et fidélité au Roi

Contexte historique  : Première restauration de la monarchie

Louis XVIII, Roi de France et de Navarre du 6 avril 1814 au 20 mars 1815

À l’invitation de Monsieur le Sous-Préfet de Lannion et sur convocation de Monsieur Le GUILLOUZER, Maire de Pleumeur-Bodou, le Conseil Municipal prêta serment :

« Je jure et promets à Dieu de garder obéissance et fidélité au Roy, de n’avoir aucune intelligence, de n’assister à aucun Conseil et de n’entretenir aucune ligue qui serait contraire à son autorité et, si dans le ressort de mes fonctions ou ailleurs, j’apprends qu’il se trouve quelque chose à son préjudice, je le ferai connaître au Roy »

Mais Napoléon rentre de l’île d’Elbe et…

Le 26 avril 1815Serment d’obéissance aux constitutions de l’Empire et fidélité à l’Empereur

Contexte historique : Second gouvernement de l’Empereur Napoléon 1er Empereur (Du 20 mars 1815 au 7 juillet 1815 – « Les Cent jours »)

Monsieur Le GUILLOUZER, Maire de la commune de Pleumeur-Bodou, à l’invitation de Monsieur le Sous-Préfet de Lannion, fait prêter à son Conseil Municipal le serment suivant :

« Je jure obéissance aux Constitutions de l’Empire et fidélité à l’Empereur »

Or, quelques mois plus tard, Napoléon fut battu à Waterloo et…

Le 1er octobre 1815 – Serment de fidélité au Roi et obéissance aux lois du Royaume

 Contexte historique : Seconde restauration de la monarchie. Louis XVIII est Roi de France et de Navarre (Du 8 juillet 1815 au 16 septembre 1824)

« En vertu de la lettre de Monsieur le Sous-Préfet de Lannion », Monsieur SALAÜN pierre accepta les fonctions de Maire de la commune et prêta serment « de fidélité au Roi et obéissance aux lois du royaume ».

En un an, trois serments différents furent prêtés par ce Conseil Municipal « fidèle et obéissant », mais l’histoire continue et…

Le 25 mars 1821Témoignage de son attachement au régime (souscription pour l’achat de Chambord)

 Les membres du Conseil Municipal de Pleumeur-Bodou

« Voulant offrir à S. A. Royale Monseigneur le Duc de Bordeaux, une marque de son attachement, sont d’avis d’une voix unanime, de souscrire à une somme de soixante-dix francs pour l’acquisition de Chambord, laquelle somme sera prise sur les fonds disponibles de cette commune »

Le 4 août 1835Assurance du dévouement sincère des fidèles sujets du Roi

Contexte historique  : Louis Philippe, Roi des français (Monarchie de Juillet) Du 9 août 1830 au 24 février 1848

 À la suite de l’attentat de Fieschi, du 25 juillet, le Conseil Municipal adresse à sa Majesté Louis Philippe Roi des français, la lettre suivante :

« La nouvelle d’un lâche et horrible attentat dirigé sur votre Majesté et son auguste famille et qui a produit un si funeste effet sur une partie de nos illustrations militaires a ému la population entière de Pleumeur-Bodou.

En conséquence, le Conseil Municipal de cette commune s’empresse de vous témoigner ses sincères regrets et la profonde indignation que lui inspire une pareille crise et vous prie, Sire, d’agréer l’assurance du dévouement sincère de vos fidèles sujets ».

Le 20 mars 1848 – Adhésion au Gouvernement républicain

Contexte historique : IIème République (Gouvernements républicains) – Du 24 février 1848 au 2 décembre 1852

Le conseil municipal de la commune de Pleumeur-Bodou « est d’unanimité d’avis d’adhérer au Gouvernement républiquain » (sic)

Et c’est ainsi que…

Le 3 août 1848

Lors de l’élection du Maire « le citoyen Nompère de Champagny a obtenu la majorité absolue des voix et le président l’a proclamé Maire de la Commune »

Mais, 4 ans plus tard…

Le 2 mai 1852

Monsieur de Champagny démissionne de ses fonctions de Maire car il refusait « ayant prêté, il y a 37 ans, le serment solennel de Chevalier de Saint-Louis » de prêter le nouveau serment prescrit par la circulaire du Préfet

« Je jure obéissance à la Constitution et fidélité au Président »

M. de Champagny fut remplacé dans ses fonctions par Monsieur J. M. SALAÜN qui

 

Le 7 février 1853Serment d’obéissance à la Constitution et fidélité à l’Empereur

Contexte historique : Second empire – Louis Napoléon Bonaparte, Empereur (Du 2 décembre 1852 au 4 septembre 1870)

« Jure obéissance à la Constitution et fidélité à l’Empereur »

Le 5 décembre 1852

Le conseil municipal vota la somme de 150 francs pour « la célébration de la Grande Fête Nationale de Sa Majesté Louis Napoléon III, Empereur des français »

 Somme portée l’année suivante à 216 francs « pour la Grande et Solennelle Fête de l’Empereur ».

Mais, encore plus zélée, se montra l’assemblée municipale quand

 Le 8 août 1859

À l’occasion des victoires remportées par l’armée d’Italie, le conseil adresse à « Sa Majesté Napoléon III, Empereur des français »

La lettre suivante :

« Sire, si Boileau trouvait une matière pour féliciter le Duc de Vivone sur son entrée dans Messine, quel sujet le Conseil Municipal de Pleumeur-Bodou ne trouve-t-il pas pour vous féliciter de la glorieuse conquête que vous venez de faire sur les ennemis de la France, comme un second Xerxès votre bonté s’est exercée à les rendre disciplinablement… »

Le Conseil Municipal, fidèle et obéissant, ne consacrait pas toutes ses séances aux prestations de serments… Il lui arriva donc de trouver d’autres façons de témoigner son attachement au régime.

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Profonds désaccords Ile-Grande-Pleumeur !

Ce travail de recherche est issu du dossier de Pierre STRNISTE (Professeur d’histoire) -réalisé dans les années 70/80- que sa famille a eu la gentillesse de me confier. 

La révolution de 1789 a dépossédé de ses biens la Seigneurie de l’ “Islegrand“.

Pour une bonne partie, les terres cultivées revinrent à leurs exploitants (domaniers, exploitants de convenants  ) cependant que les landes et les pâtures devinrent propriété communale.

Terrains

devenus

propriété

communale

Dès la première moitié du XIXème, un fossé se creuse entre la population île-grandaise et la municipalité de Pleumeur-Bodou : Les intérêts de la population pleumeuroise sont totalement différents de ceux de l’île.

1. Qu’arrive-t-il aux terres île-grandaises devenues biens communaux ?

1830

(19 sept.)

Monsieur Le Coz est installé dans ses fonctions de Maire.

1831

(14 mai)

Des problèmes

concernant les

terrains communaux

commencent à se poser.

« … considérant que les sieurs Marc NICOLAS, cultivateur demeurant à Trébeurden, Pierre DANIEL, batelier demeurant à Pleumeur-Bodou et quelques autres individus ont empiété sans aucune autorisation sur les terrains que possède la commune à l’île-Grande, notamment Pierre DANIEL en s’emparant une portion de terrain dans le Dourlin,

Le Conseil municipal présidé par M. J. L. Le COZ est d’avis que la commune soit autorisée à poursuivre les usurpateurs de terrains communaux. »

1835

(9 mai)

Poursuivre

les individus

qui utilisent les

terrains communaux

À la suite de nouvelles usurpations de terrains communaux, le Conseil,

« … considérant qu’il est urgent de forcer les individus qui se sont permis de s’emparer des biens communs à les rendre à leur vrai propriétaire qui est la commune…

Est d’unanimité d’avis d’autoriser Monsieur le Maire J. L. Le COZ à poursuivre indistinctement tout particulier qui se serait rendu coupable de ce délit ».

1836

(7 mars)

La municipalité

a besoin d’argent

pour reconstruire

le Presbytère de Pleumeur…

Le Conseil municipal

« … considérant que la commune possède des biens communaux dans l’île-Grande qui ne profitent qu’aux habitants de l’île, tandis qu’il est de toute justice que la commune entière en jouisse »

Est d’avis

Qu’il soit vendu à l’île-Grande les terrains communaux dont les plans figuratifs sont joints à la présente délibération, pour ces fonds être employés à la reconstruction du Presbytère ».

Et, en 1838…

Grande braderie…

Les terrains suivants furent adjugés :

  • N° 11 : Crec’h al Lannic
  • N° 31 : Ru Losquet
  • N° 85 : Dour Lin
  • N° 433 : Notenno Bihan
  • N° 485 : Lan Kervoalant
  • N° 568 : Lan Kervegan
  • N° 601 : An Hervirio Bihan
  • N° 708 : Crec’h ar Loët
  • N° 784 : An Herve Illio Bihan

Cliquez sur la carte pour l’agrandir

Tous les terrains communaux situés à l’île-Grande sont vendus, à l’exception toutefois d’ «Enez Toul es Stam» et du cimetière.

Le produit de ces ventes fut-il insuffisant pour assurer la reconstruction du presbytère de Pleumeur-Bodou ? Toujours est-il que le Conseil municipal fit encore les démarches nécessaires auprès du gouvernement pour être autorisé à vendre :

1838 (9 mai)

L’île Canton et de l’île brûlée sont vendues.

1839 (7 avril)

L’île “Toul es Stam” est vendue.

2. La colère des île-grandais

Outrés et furieux de voir ce Conseil brader les terrains que la Révolution avait rendus à la communauté,

les île-grandais demandèrent que l’île-Grande fut détachée de Pleumeur-Bodou.

1842

(22 octobre)

Pleumeur a besoin des engrais de l’île

Pleumeur considère que l’île est privée des bienfaits de la religion

Pleumeur accepte d’ériger l’île en succursale de la paroisse 

Pleumeur refuse de participer aux frais d’entretien

Pleumeur refuse que l’île-grande devienne une commune

 

Réponse à cette requête dans la délibération du Conseil municipal

Le Conseil

« … considérant que cette île ainsi que l’île à Canton et l’île brûlée auxquelles elle donne message ont de tous temps fait partie de la commune de Pleumeur-Bodou et lui sont de toute utilité pour ses engrais qu’elle ne peut se procurer ailleurs, s’oppose pour toujours à ce que ces îles soient détachées pour le civil de Pleumeur-Bodou ;

 Mais considérant aussi que cette île est souvent privée des bienfaits de la religion, tant par la difficulté qu’elle éprouve à communiquer avec la terre ferme dans les mers hautes que par son éloignement du bourg de Pleumeur-Bodou ;

Considérant les sacrifices que M. Bidau, curé de Lannion se propose de faire en faveur de cette érection future, de doter l’île d’un presbytère avec des dépendances suffisantes pour loger convenablement le desservant qui y serait nommé ;

 Considérant d’ailleurs que cette île possède une chapelle et un cimetièrecapables de contenir sa population ;

 Déclare consentir à l’érection de cette île en succursale à la condition expresse que l’entretien du presbytère, de l’église et du cimetière demeure au compte exclusif de la fabrique (1) de cette nouvelle succursale et sans la participation de la commune de Pleumeur-Bodou

 Mais S’OPPOSE POUR TOUJOURS À SON ÉRECTION EN COMMUNE. »

(1) Fabrique : personnes (clercs et laïcs) nommées pour collecter et administre les fonds nécessaires à la construction et à l’entretien des édifices religieux et du mobilier de la paroisse. Les frais d’entretien incombent donc à l’île-Grande !

Ainsi, le Conseil municipal acceptait de se débarrasser des charges que représentaient « les bienfaits de la religion » en proposant l’érection de l’île en succursale.

Pour le civil, l’île restait enchaînée à Pleumeur-Bodou.

Cependant, si le principal empêchement invoqué par la municipalité est de poids, à savoir que le besoin en goémon que les pleumeurois prétendaient ne pouvoir se procurer ailleurs, il est possible que le Conseil n’ait pas exposé, dans sa délibération, toutes les raisons de son « attachement » à l’île-Grande.

Cliquez sur ce lien pour avoir un aperçu de la façon dont la commune était administrée : “Qui administre la commune de Pleumeur-Bodou

1846

(8 juillet)

Un délit d’initié ??? !!!

« … délibérant sur l’exposé fait par le Sieur Jean-Louis Le Coz l’un des membres du Conseil municipal concernant le terrain communal, par ce dernier acheté dans l’île-Grande consistant dans le n° 85 du plan cadastral, sous le nom de Dourlin.

Il avait cru par erreur que le placître dit “de la Croix” en dépendait, et, fondé sur cette croyance, il aurait concédé au Sieur Louis Durand, tailleur de pierres à l’île-Grande, un terrain pour construire pour une somme de cent francs.

Le dit Le Coz, reconnaissant son erreur, se propose de verser entre les mains de M. Le Maire, la dite somme de cent francs. »

Est-il besoin de rappeler que ce Sieur Jean Louis Le Coz, conseiller municipal, avait été maire de la commune de septembre 1830 jusqu’en février 1838 (curieuse coïncidence…) et que c’est à son instigation qu’avaient été décidées les ventes des terrains communaux de l’île-Grande.

Passe encore de priver les île-Grandais de landes et de pâturages en faisant brader, par la Municipalité, les terrains communaux pour pouvoir se les offrir à vil prix, mais vendre, même en partie, des terrains de la commune à son propre profit… curieuse façon de concevoir l’administration des biens publics !

Un demi-siècle plus tard…

Le problème n’était toujours pas résolu lorsque M. de Champagny, qui se présentait à l’élection du Maire depuis 1871 et ne recueillait que sa propre voix

fut enfin élu le 15 avril 1888

et réélu le 15 mai 1892 puis le 17 mai 1896,

quelques jours après l’arrivée dans notre île du romancier Joseph Conrad qui utilisa les observations  qu’il put faire au cours de son séjour dans les nouvelles qu’il écrivit à cette époque.

S’inspirant d’un drame familial local, Joseph Conrad écrivit en 1896 « The idiots » dont il situa l’action dans un village nommé « Ploumar » (le nom est à peine déformé !) administré par le « Marquis de Chevanes ».

Or, l’auteur n’ayant pas précisé que « toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé serait pure coïncidence », nous pouvons nous demander qui a pu lui servir de modèle pour camper le personnage de ce marquis.

La réponse se trouve peut-être dans ce passage :

« The « Chavanes » returning that evening, after seeing their guest to the main gate of the park, discussed the matter vhile they strolled in the moonlight, trailing their long shadows up the straigth avenue of chestnuts. »

Ce soir-là, après avoir reconduit leur invité (le recteur) jusqu’à la grille du parc, les « Chavanes » discutèrent de cette affaire en s’en revenant tout doucement chez eux au clair de lune traînant leur ombre longue dans l’allée droite bordée de châtaigniers.

Plus intéressant est ce renseignement que nous livre Conrad :

The marquis, a royalist of course, had been Mayor of the commune which includes Ploumar, the scattered hamlets of the coast, and the stony islands that fringe the yellow flatness of the sands.

He had felt his position insecure, for there was a strong republican element in that part of the country. »

Le marquis, royaliste bien entendu, était Maire de la commune qui englobe Plomar, les hameaux dispersés sur la côte et les îles rocheuses que bordent les plages de sable plates et jaunes.

Il sentait que sa position était peu sûre car il y avait un solide élément républicain dans cette partie du pays.

Conrad semble avoir très bien senti l’opposition qui existait alors entre le Conseil Municipal royaliste de Pleumeur et les île-Grandais en majorité républicains.

Cette appréciation du romancier se trouva confirmée par les évènements puisque deux ans plus tard, en 1898, les île-Grandais se virent contraints de passer par-dessus ce conseil pour s’adresser directement à l’échelon supérieur.

1898

Pétition des île-grandais

en raison de ce qui ressemble fort à une basse vengeance électorale

PÉTITION DES HABITANTS DE L’ÎLE-GRANDE À MONSIEUR LE SOUS-PRÉFET DE LANNION

 « Monsieur le Sous-Préfet,

 Les soussignés habitants de l’île-Grande, commune de Pleumeur-Bodou, ont l’honneur de vous présenter la requête suivante :

 Considérant

Que l’eau potable étant excessivement rare dans notre île,

  • Qu’à la suite d’une vengeance électorale, Monsieur de Roquefeuil a fermé un des rares puits lui appartenant,
  • Qu’auparavant, une bonne moitié de l’île prenait de l’eau dans ce puits,
  • Qu’à présent il ne reste pour ces personnes qu’une fontaine infecte et insuffisante,
  • Qu’il y va de la salubrité publique,
  • Que ces personnes ne demandent qu’à payer l’eau dont elles ont une absolue nécessité
  • Et que C’EST UNE PEU FORT QUE POUR AVOIR PRESQUE LIBREMENT MANIFESTÉ PAR NOS BULLETINS DE VOTE NOS OPINIONS RÉPUBLICAINES, toute une population soit privée d’eau, première condition de toute vie

 Émettons le vœu qu’un puits nous soit creusé dans le plus bref délai possible ou que Monsieur de Roquefeuil soit mis en demeure, pour cause de nécessité publique, de rouvrir celui qu’il a fermé le 3 août dernier.

 Dans le cas du creusement d’un puits communal, la plupart des gens veulent bien participer aux frais dans la mesure de leurs moyens.

 Dans l’espoir que vous voudrez bien accueillir favorablement notre requête et y faire droit, nous avons l’honneur, Monsieur le Sous-Préfet, de vous prier d’agréer l’hommage respectueux de nos meilleurs sentiments reconnaissants et dévoués.

Suivent les signatures »

Ainsi se trouve creusé , dès la première moitié du XIXe siècle (entre le Conseil municipal de Pleumeur-Bodou et les île-grandais) un fossé qui ne cesse de s’élargir avec le temps  .

D’autant que les activités artisanales et commerciales île-grandaises étaient profondément différentes des intérêts essentiellement agricoles des pleumeurois.

 

Ainsi, à la fin de ce XIXe siècle, sous la IIIe République, dépouillés des terrains communaux qui leur avaient été donnés par la Révolution (mais administrés par la noblesse aidée du clergé),

les île-grandais n’avaient même plus le droit, sous peine de sanctions, « d’exprimer presque librement leurs opinions républicaines ».

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Un Noël à Enez Veur

Ce jour-là, Jobig a eu beaucoup de mal à porter lénorme bûche jusqu’à la petite crèche près de la porte de la maison ; son voisin est d’ailleurs venu l’aider.

Soizic a insisté pour qu’il le fasse avant ce soir car le ciel s’est assombri, le vent d’est a apporté un tas de feuilles dans la cour. Sûr que demain la neige arrive

Aujourd’hui le vent glacial souffle et les flocons ne pas tardent pas à recouvrir de blanc la vieille terre de l’île-Grande.

Après avoir accompli les tâches journalières, chacun a regagné sa maison sans tarder.

Ce soir, 24 décembre, la famille s’est réunie autour de la cheminée en attendant de se rendre à la messe de minuit.

Jobig, le père de famille a mis dans l’âtre la belle bûche

(il l’avait, auparavant, aspergée d’eau bénite et de sel).

Il a soigneusement choisi un bois dur dont la combustion lente doit chauffer la maison pour la veillée de Noël et, si possible, pour d’autres nuits de Noël.

Tad Coz n’est jamais le dernier à prendre la parole dans les veillées : assis près du feu, en appui sur son pen baz, il prend un air mystérieux et dit que “la nuit de Noël, il se passe des choses bizarres”…

Ifig, le vieux voisin ne voulant pas être en reste, s’empresse d’ajouter

“Selon le proverbe…

Noz ann Nédelec na gousk ken, La nuit de Noël, aucun animal ne dort

Met ann tousec ha mab ann den excepté le crapaud et l’homme

« Qu’est-ce qu’ils font alors ? » demande le jeune Yann

“Ils parlent breton entre eux, comme nous.”

S’il s’agit d’un de nos animaux domestiques, ils se racontent le travail qu’ils font pour leur maître et surtout s’ils sont bien ou mal traités.

Les animaux sauvages expliquent comment ils trouvent leur nourriture. Ce soir-là, ils ne craignent pas d’être mangés par les plus forts ou les plus malins : les souris côtoient les chats, les poules croisent les renards, les loups sympathisent avec les chevreuils !

 Ils décrivent leur écurie, leur étable, leur nid ou leur tanière, annoncent la naissance d’un enfant, racontent leurs déplacements, leurs découvertes, leurs joies et leurs peines. »

Il est maintenant temps de se préparer et surtout de se couvrir pour se rendre à la messe de minuit.

La messe de minuit

La nuit, dans le blizzard et la neige, la famille rejoint à pied les paroissiens qui, à la lueur des torches espèrent éclairer leurs pas. Ils viennent de Crech A Loet, Louarn, Kerjagu, Kervolant, Le Poullou, Le Dour linn, Crec’h Kervegan, Rucornic, Enezigou, Kermein à travers chemins et lande

Les cantiques en breton leur donnent l’entrain nécessaire pour se rendre à la Chapelle Saint Sauveur célébrer la naissance de Jésus.

Quelques fidèles espèrent secrètement repérer par-ci, par-là une chandelle qui s’allumerait pour indiquer la présence d’un trésor

Ils n’oublient pas non plus que les anciens leur ont assuré que

chaque menhir et dolmen se déplace

quand sonnent les cloches de la messe de minuit.

Avec, un peu de chance, ils en apercevraient à la fontaine de la Chapelle…

mais ils n’auraient pas le temps de profiter de leur absence pour s’emparer du trésor enterré là où ils sont habituellement plantés…

Nul ne craint les esprits maléfiques nocturnes car ni les korrigans malicieux ni l’horrible Ankou ne peuvent nuire la nuit de Noël.

Dans le purgatoire, le feu s’éteint et les âmes des défunts en répit éprouvent, cette nuit-là, un grand soulagement.

La vieille chapelle St Sauveur se remplit peu à peu. Dès le porche d’entrée franchi, chacun se signe avec l’eau du vieux bénitier en granit et, à la lueur des cierges, rejoint sa place devant la chaise prie-Dieu paillée.

An Aotrou Person, vêtu de sa chasuble blanche brodée, invite, en breton, les fidèles à se lever. Les paroissiens se lèvent en signe de respect, missel en main. La messe va commencer.

Pendant toute la cérémonie, les fidèles ont prié et avec ferveur et repris en chœur les « kantikoù Nedeleg » (cantiques de Noël) dont « Ni hoc’h ador, Mabig Jésuz » (Nous vous adorons, petit Enfant Jésus) ou « Péh trouz’ zou ar en douar » (Quel est ce bruit sur la terre ?)

À minuit, les cloches ont sonné à toute volée et le recteur a entonné « An noz tenval » en portant solennellement l’enfant jésus jusqu’à la crèche confectionnée, près de l’autel, par quelques fidèles.  Les paroissiens ont accompagné le prêtre de leur plus belle voix.

Après que le curé ait béni l’assistance et prononcé la fin de la cérémonie les paroissiens ont déposé avec déférence leurs modestes offrandes devant la crèche (un gâteau, un peu d’argent, un peu de beurre…)

“An Noz Santel”

La messe terminée, chacun presse le pas pour se rendre dans les chaumières où a lieu la veillée de Noël pour prolonger « An Noz Santel » (la Nuit Sainte).

La bûche a eu le temps de réchauffer la maison.

Soizic sert à ses convives une soupe au pain et un kig ha farz ; les enfants, plus empressés que jamais, se précipitent vers leurs sabots pour y trouver tantôt une belle pomme ou une orange, tantôt un petit jésus en sucre ou pour les plus chanceux, un sucre d’orge.

Les conversations reprennent de plus belle…

Mamm goz, dit Soizic, racontait que, quand elle était enfant, Gireg, le garçon de ferme ne croyait pas à ces histoires. Il dit aux femmes qu’elles n’étaient que des peureuses et des mauvaises langues.

 Avant minuit, il partit se cacher dans le grenier à foin, au-dessus de l’étable.

Aux douze coups de minuit, « pen called » l’âne gris se mit à parler au bœuf et aux deux vaches « Mes amis, le petit jésus est né et c’est nous qui le réchauffons dans la paille de la pauvre crèche » puis il ajouta « le froid a rendu notre travail bien plus pénible et l’herbe s’est faite rare dans le pré. Je n’ai pas envie de sortir de l’étable mais pourtant il faudra bien car demain l’Ankou passera chercher Gireg Ar Moal ; c’est nous qui devrons l’emmener à sa dernière demeure jusqu’au cimetière de Saint Sauveur.

 En entendant cela, Gireg revint, terrorisé, expliquer à Fanch, le fils du voisin ce qu’il venait d’entendre et partit aussitôt se coucher.

Fanch était chargé de garder la maison pendant la messe de minuit. Mais il avait été tellement effrayé par l’histoire de Gireg qu’il voulait boire un coup. Son cousin l’accompagna jusqu’à la Fontaine Saint Sauveur car il lui avait affirmé qu’au moment de l’élévation de l’hostie, l’eau se changerait en un vin délicieux. Ils burent tous les deux de grandes gorgées jusqu’à ce que les cloches de la Chapelle s’arrêtent de sonner… Le vin redevint de l’eau !

En rentrant à la ferme de Crech Al Lannig, ils entendirent au loin les cloches des villes englouties.

Un jour après Noël, aux alentours de cinq heures du matin, on entendit grincer la charrette de l’Ankou du côté de chez Gireg…

 

Le jour se lève, c’est la fin de la nuit de Noël. Certains des invités décident de retourner à la « messe de l’aube » quand d’autres rejoignent leur maison.

Jobic et sa femme prennent soin d’éteindre la belle bûche. Elle servira à Noël prochain.

En fin de matinée, Soizic met les cendres de la bûche de Noël dans le petit sac en lin qu’elle a cousu ; elle l’accroche dans la pièce jusqu’au Noël suivant pour protéger la maison de la foudre, des incendies et des serpents ; les cendres ont aussi des vertus médicinales et purifient l’eau du puits.

Et la vie reprend son cours…

Les pierres retournées

Souvenirs d’un petit parisien tombé sous le charme d’Enez Veur …

et qui ne s’en est jamais remis (1952 à nos jours)

Pour lire plus aisément cet écrit -plein de délicatesse et d’émotion- qui ravivera, chez nombre d’entre nous personnages, évènements, lieux …

cliquez sur le coin du cadre qui s’affiche  ci-dessous

(le texte s’affichera dans un nouvel onglet)

Télécharger (PDF, 1.28Mo)

Souvenirs de D. Lavalette (2018)

Écoutez une Gwerz de l’île-Grande

L’article “Naufrage en 1844” (cliquez sur le titre de l’article pour y accéder) contait le tragique destin d’île-grandais partis chercher du goémon aux Sept-îles.

A l’époque, une Gwerz a été composée pour que cet accident ne sombre pas dans l’oubli…

Vous pouvez écouter cette Gwerz

en cliquant sur la flèche blanche ci-dessous

(elle ne démarrera qu’après plusieurs secondes…)

 

Le texte bilingue de la Gwerz est reproduit du livre “Pleumeur-Bodou, chronique d’une commune trégorroise” par Y. Lageat et Y. Garlan.

Télécharger (PDF, 263KB)

Comment cette Gwerz est arrivée jusqu’à nous ?

Monsieur Lavalette était voisin de Madame Leroux, l’interprète de la  Gwerz.

“A un âge avancé, Mme Leroux psalmodiait cette Gwerz de mémoire et d’une voix assurée. Son interprétation aux accents passionnés constitue un document d’authentique culture bretonnante saisi sur le vif que j’eus la chance de pouvoir enregistrer.”             D. Lavalette

Cette Gwerz raconte le naufrage survenu sur la grève de Goulmedec (au large de Bringuiller) le 14 février 1844 qui endeuilla 15 familles.

De retour des 7 Îles où elles avaient recueilli du goémon, deux gabares rentraient sur Penvern. Le choix d’un mauvais raccourci à la nuit tombante fit s’écraser l’une des gabares sur les rochers. Il y eut 15 noyés. Familles endeuillées, orphelins, drame local. 

 Avons-nous connu Madame Leroux ?

Pour le savoir, cliquez sur le lien ci-dessous

Hélène, interprète de la Gwerz

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Mordred, fils du Roi Arthur et de sa demi-soeur “La Fée Morgane”

mordred

Mordred est le fils incestueux d’Arthur et de Morgane (Celle-ci est sa demi-sœur puisqu’ Ygerne est leur mère).

 

Un soir, par magie, Morgane prend l’apparence de Guenièvre et abuse Arthur en lui faisant l’amour.

Elle est enceinte et proclame que l’enfant qu’elle porte est l’héritier du royaume.

Quand Arthur découvre qu’il s’agissait de sa demi-sœur, il ordonne, de faire mourir tous les nouveau-nés mâles mais Mordred est sauvé.

Personnage constamment négatif, Mordred est souvent l’instrument des basses œuvres de Morgane.

Dans un terrible combat il est tué par Arthur, sur la plaine de Salisbury.combat arthur mordred

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Chevaliers de la Table Ronde

La Table ronde est une Institution fondée par le roi Uther Pendragon, père d’Arthur, sur les conseils de Merlin.

Elle est présentée comme la réplique de la table du Graal*, elle-même imitée de la table de la Cène.
*Calice utilisé par Jésus-Christ au cours de la Cène et dont Joseph d’Arimathie s’est servi pour recueillir le sang du Christ quand il fut descendu de la Croix.

table et graal

Elle compte autant de sièges que de chevaliers destinés à y être appelés.

Les Chevaliers de la Table Ronde cherchent le Graal.

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Merlin l’enchanteur

C’est l’ “enfant sans père “, fils d’un démon et d’une nonne, mais qui échappe au diable par le baptême.
A sa naissance, Merlin est déjà doté de pouvoirs surprenants, il peut parler, voir le passé, le présent et l’avenir et il sait ” transformer l’apparence des gens “.

Il organise l’avenir de la Bretagne. Il vit dans une forêt  auprès d’un scribe à qui il confie le soin de mettre par écrit les événements du royaume et ses prophéties.

stonehenge

Conseiller d’Uther Pendragon, il construit le site de Stonehenge.

 

C’est lui qui permet à Uther de prendre l’apparence du duc de Cornouailles pour coucher avec Ygerne, qui donnera naissance à Arthur.

Il confie l’éducation d’Arthur à  un sage , pour qu’il l’élève.

Plus tard,  Merlin organise l’avènement d’Arthur au trône.

Merlin et vivianeSelon la légende, Merlin tomba éperdument amoureux de la fée Viviane (la Dame du Lac) et l’initie à ses enchantements. il lui confie le secret pour se lier un homme à jamais et elle l’emprisonne dans son esplumoir (cage à oiseau) .

chateau cristal

Merlin construit un château de cristal, en une nuit, pour sa bien-aimée, au fond d’un lac. C’est ce qui vaut à Viviane le nom de Dame du lac. Mais seuls Viviane et ses serviteurs peuvent voir ce château….

On dit qu’aujourd’hui encore Merlin l’enchanteur est enfermé dans la forêt de Brocéliande

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Viviane, Dame du Lac

Vviane

Viviane est fille d’un petit seigneur de la forêt de Brocéliande. Elle est née au château de Comper, dans la forêt de Brocéliande.

C’est par le hameau de Folle Pensée que l’on peut atteindre, après une bonne marche, la fontaine de Barenton.

barenton PaimpontIci, pour la première fois, l’Enchanteur Merlin voit la fée Viviane assise au bord de la fontaine et il éprouve le premier choc d’une folle passion.

 

chateau cristalMerlin tombe amoureux. Il lui construit un château de cristal en une nuit au fond d’un lac. C’est pour cela qu’on appelle aussi Viviane dame du lac. Le château n’est visible que pour Viviane et ses serviteurs

Merlin lui transmet même le secret de l’emprisonnement éternel que lui-même ne savait pas défaire. Désireuse de garder son amant, Viviane use du sortilège sur lui et l’emprisonne dans un arbre que l’on peut encore voir (paraît-il!)dans la forêt de Brocéliande. Ainsi ils vivent pour toujours à Brocéliande, mais invisibles aux humains.

arbre merlin

Elle élèvera Lancelot du Lac après l’avoir ravi à sa mère…

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