Archives de catégorie : Archipel
Des Peignes à Barr ar Gall
Toponyme breton | Traduction |
Plat (Enez) | Île Plate |
Morvil (Enez) | Île de la Baleine |
Barr ar Gall | Sommet, éminence de Le Gall |
Bazinier ar Fank (Vank) | Basses de la vase
(trois basses au nord-ouest des Peignes) |
C’hwerzec Sant Uzeg | |
Dero (an)
Bazinier ar Waz |
Les Chênes
Basses de la passe |
Goumonenn an Dero | Basse au goémon des chênes
(Très fort déferlement…) |
Gribineg (Ar)
Beg ar Grib |
Peignes (Les)
Pointe du Peigne |
Gwaz Toull ar Stank (Staon – Stang) | Passe de Toull ar Stank |
Jezequel (Enez) | |
Kastell Vran | Le corbeau |
Mean Kaezh | |
Men Lamm |
Pierre de la houle |
Merkou Baz | Basse des Marques |
Toull ar Stank | Trou de l’étang
(Passe de pleine mer entre l’île-Grande et Kastell Bihan) |
Wigour (Ar) |
D’Enez Veur au Toeno
Toponyme breton | Signification |
Notenno | Notenno – Aodennou (An) –
Les rivages |
Enez Veur | Ile Grande |
Enezigou | Îlots au sud de l’île-Grande |
Groe an Toennou | Sillon d’an Toënnou
(Attache de Toëno à la terre) |
Gwaz ar C’hastellig | Passe d’Ar C’hastellig |
Kal Enez Veur | Cale d’Enez Veur |
Kastellig | Petit promontoire rocheux |
Korn ar Valtouterien | Coin des douaniers
(Pointe sud de l’île-Grande) |
Krec’h ar Lannig | Hauteur de la petite lande (Promontoire formant la partie sud de l’île-Grande) |
Pors a Bagou | Port des barques |
Porz an Toënnou | Port d’an Toënnou |
Porz ar Pesk | Port au poisson
(Port de pêche à l’est de la cale) |
Run a Gamm | Roche en équilibre |
Run Losket Enezigou | îlot à l’ouest d’Enezigou |
Toënnou | Toëno/Toenot – Les toits |
De “Canton” à Petite Fougère
Toponyme breton | Traduction |
Aganton (Enez) – Agathon – Canton | Ile Aganton E (île de Saint Agathon) |
Beg Rac’h ar GazecKalen | Pointe de la Teigne de la Jument
Pointe au sud-est de l’île Aganton |
Biliou | Galets
Pointe Nord-Ouest de l’île Aganton |
Bolennec (île) | Voir Voleneg (Enez) |
Drezenn (An) | Le plateau aux Gorgones
(Plateau rocheux au sud d’Ar Voleneg) |
Fougère (île) | Voir Radenek (Enez)
|
Goulou Doter | Passe de pleine mer entre Biliou et l’ile des Renards (Enez Lern) |
Gwaz ar Voleneg | Passe d’Ar Voleneg
(Chemin sinueux à l’est d’Ar Voleneg et de l’île Losket) |
Gwaz Enez Aganton | Passe de l’ile Aganton
(Passe de pleine mer au nord de l’île Aganton) |
Gwaz Toull ar stank | Passe du Trou de l’étang (Passe de pleine mer entre l’île-Grande et Kastell Bihan) |
Iliav (Enez)
Iliav – Iliavek – Ilio |
Île au lierre (couverte de lierre) située au nord-est de l’île Fougère, reliée à Illeouic par une langue de rochers |
Illeouic | Petit îlot rocheux à l’est d’Enez Iliav – on y voit une croix… |
Jalvotenn (Ar) | La Gredine
Toull ar Jalvotenn : Passe d’Ar Jalvotenn |
Karreg ar Jantil
ou Karreg Zant Erwan |
Roche de « Le Gentil » (Nom de personne)
Ou Roche de St Yves (sur un document de 1874) |
Karreg ar Merk | Roche de l’amer (la Balise)
NB – sur divers documents nautiques s’appelle aussi « La neige » |
Karreg ar Moudeg | Roches aux œillets maritimes |
Karreg ar Rouz | Roche de Le Roux (Nom d’une personne) |
Karreg Kervareg
Ou Karreg ar Wrac’h |
Roche de Kermarec (Nom d’une personne)
Ou Karreg ar Wrac’h (Roche de la Vieille – le poisson « ar Groac’h ») |
Karreg Roc’h Houarn | Roche du Rocher de Fer |
Kuchenned (Ar) | Le Petit Toupet (rocher garni d’un petit toupet !) |
Lern (Enez) | Île aux Renards E |
Mengleuz Aganton | Carrière d’Aganton
(Carrière au nord de l’île Aganton) |
Penn Enez Lern | Pointe d’Enez Lern
Plateau rocheux au nord de l’île aux renards |
Porz al Leñkred | Port aux mulets sauteurs
(anse à l’ouest de Mengleuz Aganton) |
Porz Trez | Port au sable
Anse au sud-est de l’île Aganton |
Radenek (Enez) | Île Fougère (couverte de fougères)
· Ti Enez Radenek : Maison en ruine sur l’île Fougère |
Radenek Vihan (Enez) | La petite Fougère (appelée aussi « Enez Radenek Trebeurdenn » & « Enez Eugène »
· Kornasked (Bernaches) est un plateau rocheux au nord-ouest de Fougère |
Run an Ourmel | Roche aux ormeaux (îlot au nord d’Ar Voleneg) |
Runiou Penn ar Vir Ou Beg ar Vir | Éminences de la Pointe de la Flèche |
Tog Touseg (An)
ou Garrec krouged |
Le champignon
ou Roche Pendue |
Trezenn Aganton | Plage de l’île Aganton
(Anse au nord de l’île) |
Voleneg (Enez) | L’île chauve |
Du Four à Losket
Toponyme breton | Signification |
Bazenn Beg ar C’hanol | « Beg Ar C’hanod » : Pointe du canot
* Baz : Petit fond (Le) – mot spécifiquement celtique qui signifie « peu profond ». Curieusement, ce mot peut souvent désigner un haut fond rocheux ! couvrant à pleine mer et découvrant ou non à basse mer… |
Forn (Toul ar Peulven) |
Four (de Toul ar Peulven) Ar Forn Vihan : Le Petit Four (petite roche détachée au sud du Four) |
Four (Le) | Voir Forn (Ar) |
Pommelou (Ar) |
Les jaillissements (Jaillissements d’écume provoqués par la houle qui frappe les roches ; celles-ci sont nommées « ar bombes » sur les anciennes cartes. · Ar Pommelou Vraz (Le Grand Jaillissement) · Ar Pommelou Vihan (Le Petit Jaillissement) · Gwaz ar Pommelou (Passe des Jaillissements) |
C’harleged (Ar) | Les carrelets
NB – sur les anciennes cartes marines, ces roches s’appellent aussi C’hamarello |
Toull ar Peulven (Chenal) | Passe du mégalithe |
Losket (Enez)E |
Île brûlée · Gwaz Enez Losket : Passe de l’île brûlée (passe de pleine mer au nord-est de l’île Losket) · Poull ar c’haoc’h : anse de la fiente (petite anse à la partie nord-ouest de l’île Losket) |
Men Du (Enez Losket) | Pierre noire d’Enez Losket |
Moc’h gwen (Ar) | Les cochons blancs |
Peulven (Ar) | Le Mégalithe |
Que signifie le nom des îles…
Autour de Molène
Toponyme breton | Signification |
C’hreñch (Ar) | La grange |
Dialed (Roc’h) | Aucune traduction trouvée 🙁
Peut-être “Diaouled” (le diable) |
Geureudeg (Ar) |
La Roche aux Oursins (« Geureug » est la prononciation locale de « Teureug : Oursins ») |
Gouredec (Ar) | La Bouée |
Grange (La) | Voir « C’hreñch (Ar) » |
Karreg Pen ar Bleiz |
Roches de la tête du Loup Gwaz Pen ar Bleiz : Passe de Pen ar Bleiz |
Kuchenned (Ar) – Guchellig (Ar) |
Le Petit Toupet (Rocher garni d’un petit toupet !) |
Moc’h gwen (Ar) | Les cochons blancs |
Molène (île) | Voir « Molenez » |
Molenez |
Île Chauve (sans végétation) Gwaz Molenez : Passe de Molène |
Pommelou (Ar) |
Les jaillissements (Jaillissements d’écume provoqués par la houle qui frappe les roches ; celles-ci sont nommées « ar bombes » sur les anciennes cartes.) · Ar Pommelou Vraz (Le Grand Jaillissement) · Ar Pommelou Vihan (Le Petit Jaillissement) · Gwaz ar Pommelou (Passe des Jaillissements) |
Roc’h c’hwenou | Roches aux puces de mer |
Tri Breur (An) | Les Trois Frères |
Veskleg Kreiz (Ar) | La Moulière du milieu |
Veskleg Vras (Ar) | La Grande Moulière
Gwaz Ar Veskleg : Passe de la Moulière |
Agathon ? Canton ?
Il est bien compliqué de s’y retrouver entre les différentes appellations de l’île :
- certaines semblent conserver une même origine bretonne “Aganthon“, “Aganton“, “Canton” ;
- D’autres sont plus fantaisistes comme « à Canton » ou « du Canton » ! Les géographes l’ont diversement nommée selon les époques et l’on ne peut se fier qu’à une retranscription approximative de son nom (les lieux leur étaient rapportés phonétiquement par des étrangers à la région qui, le plus souvent, n’avaient aucune connaissance du breton).
“Agathon“, “Aganton“, “Canton“
Pourquoi ne pas faire un rapprochement
- avec le nom de cette localité proche de Guingamp : Saint Agathon (Zant Eganton en breton)
“il s’agit du nom d’un saint ermite* du XIe siècle Winganton, dit “Gwéganton“, “Gwenganton” ou “Néganton“, qui aurait vécu dans les bois de Malaunay. “Patrimoine des Communes des Côtes d’Armor” Éd. Flohic (1998),
(* à ne pas confondre avec un pape du VIIe siècle né à Palerme)
- ou avec Saint-Ganton (Sant-Weganton) qui a donné son nom à une commune du sud de l’Ille-et-Vilaine.
Au tout début du XIe siècle, les religieux bénédictins de l’abbaye de Saint-Méen fondent un prieuré sur le territoire de Pipriac (Ille-et-Vilaine).
Ce prieuré est placé sous le patronage de saint Gwenganton (abbé et restaurateur de Saint-Méen, de 1008 à 1040).
D’après le rapport de J.P. Pinot “L’évolution du littoral autour de la baie de Lannion et sur la Côte de Granit Rose”, 1993.
Le nom d’Île Aganton proviendrait de l’existence d’un lieu de culte dédié à saint Aganton, qui aurait été remplacé par une chapelle E dédiée à Saint André, située selon les recherches du colonel Pérès, à l’endroit où subsistent aujourd’hui deux croix en pierre, en partie ensablées sous la dune, au milieu de l’île…
La Tortue
Entre « le Lion » et « le Corbeau », « la Tortue » de granit se prélasse au sommet d’une bande rocheuse !
La rondeur de sa carapace laisse à penser qu’elle a échappé aux pics, marteaux, coins en bois, chanteperces… redoutables armes des carriers. Autour d’elle, pas un rocher n’a pu s’y soustraire !
L’extraction avait pris une telle ampleur qu’Ernest Renan (dans la Revue des Deux Mondes) a fait part de ses regrets, reflétant également ceux de ses contemporains…
Revue des Deux Mondes, 3e période, tome 94,
« La Tortue » ne finira donc pas sa vie sur un viaduc, un boulevard ou une cathédrale !
Elle restera là où elle est née, pour nous rappeler qu’avant l’intense extraction de la pierre, les côtes de l’île avaient un tout autre visage et une protection naturelle contre les assauts de la mer.
Si l’on se réfère à la culture celtique,
la tortue marine fait preuve d’une grande faculté de survie grâce à sa capacité de sentir les vibrations à travers l’eau.
Elle est aussi la gardienne des portes qui mènent au monde des fées…
Et nous n’en sommes pas loin tant la vieille terre de l’île-Grande recèle de croyances et de légendes…
L’îlot Dañvat
C’est celle que l’on nomme aujourd’hui l’île Mouton
« Mouton ? » Son nom est traduit du breton « Dañvat » ou « Davat » !
Voilà déjà bien des décennies qu’Enes Davat (ou Dañvat), séparée de sa grande sœur l’île d’Aval par le ruisseau de Kerhuel, a été adoptée par Trébeurden au grand dam des île-grandais.
Elle a la chance de nicher dans la partie paisible de l’estran, à proximité de la côte.
Quelques cartes la représentent. De 1774 à 1866, elle était dénommée DAVAT ! Les géographes l’ont diversement nommée selon les époques et l’on ne peut se fier qu’à une retranscription approximative de son nom (les lieux leur étaient rapportés phonétiquement par des étrangers à la région qui, le plus souvent, n’avaient aucune connaissance du breton).
Cliquez sur les images pour les agrandir.
Extrait cadastral de Trébeurden 1819 (Archives des Côtes d’Armor)
Carte d’état-Major (Géoportail)
1820-1866
Pourquoi « Davat » (Dañvat ou Mouton) ?
Peut-être à cause de ce conte breton du 19ème transformé par une grand-mère île-grandaise pour le rendre plus crédible aux yeux de ses petits enfants !
Il était une fois dix orphelins (une sœur et neuf frères) qui habitaient un vieux château, au milieu du bois de Lann Ar Waremm. C’est donc l’aînée, nommée Plezou, qui mena la maison d’une main de maître.
Alors qu’ils chassaient une biche, les jeunes garçons passèrent près d’une hutte tout en branchages entremêlés de mottes de terre. Ils y entrèrent, sous prétexte de demander de l’eau.
Une vieille femme aux cheveux rouges,
aux yeux maléfiques
et à la peau ridée et jaune leur dit :
– Avancez, n’ayez pas peur ; j’aime beaucoup les enfants, surtout quand ils sont gentils et sages, comme vous.
– Nous voudrions un peu d’eau, s’il vous plaît, grand’mère, répondit Ronan, le plus âgé.
Elle leur offrit de l’eau fraîche et claire puisée le matin même dans le ruisseau de Kerhuel.
– A présent, mes enfants, il faudra me payer le petit service que je vous ai rendu.
– Nous vous apporterons de l‘argent à demain grand-mère (Ken arc’hoazh mam goz) répondit le garçon effrayé.
– Oh ! ce n’est pas de l’argent que je veux ! Je demande à Ronan de me prendre pour épouse. Réponds-don’ mon petit
– Il faut que je demande à ma sœur… et ils s’enfuirent à toutes jambes tout raconter à leur sœur.
Dès le lendemain, la vieille femme était au château. Elle trouva Plezou et ses frères dans le jardin.
– Vous savez, sans doute, pourquoi je viens dit-elle.
– Oui, répondit l’aînée, mon frère m’a tout raconté, mais je refuse votre demande.
– Comment ? Vous ne savez donc pas qui je suis, et ce dont je suis capable ? Revenez vite sur cette sotte résolution, pendant qu’il en est temps encore, ou malheur à vous ! cria la sorcière, furieuse, et les yeux brillants comme deux charbons ardents.
– Je ne change rien à ce que je viens de vous répondre.
Alors, l’horrible vieille tendit vers le château la baguette qu’elle tenait à la main, prononça une formule magique, et, dans un énorme vacarme, le château s’écroula, Puis, retournant la baguette vers les neuf frères saisis d’épouvante et agglutinés contre leur sœur, elle métamorphosa les frères en neuf moutons blancs.
– Tu peux, à présent, aller garder tes moutons sur l’îlot près du ruisseau de Kerhuel… et elle partit, en ricanant.
Depuis, l’herbe de la petite île Mouton reste verte tout l’année pour que paisse sereinement le troupeau de moutons blancs.
Texte inspiré d’un Conte de Le Noac’h, de Gourin, 1874