Jean Bart, le Corsaire de l’île-Grande

Dans les années 80, Belka (le « kabyle de l’île-Grande ») a rédigé cet hommage à un fameux personnage resté dans les mémoires !

C’est la vie passionnante d’un très attachant personnage île-Grandais : « Jean Marie Choquer » surnommé « Jean Bart le Corsaire ».

Il est né le 11 septembre 1901.

Très jeune, il a bourlingué sur toutes les mers.

Il était officier à bord du Panda, un voilier de 35 mètres de long, aux deux grands mâts, qui appartenait, à cette époque, à l’empereur Bao-Daï  (le dernier empereur du Vietnam).

Voici Jean Marie Choquer, dit Jean Bart, à droite sur la photo.

On le surnommait « Jean Bart, le Corsaire » en raison de son athlétique corpulence ! Ses mains étaient velues, sa voix perçait comme une onde et résonnait l’autorité du loup de mer, ses yeux traquaient l’obscurité. Sa générosité était innée.

Je lui rendais souvent visite et le surprenais dans les lectures. Ses livres favoris contaient la vie des personnages qui ont défrayé l’histoire des corsaires, dont Surcouf : Il aimait revivre les épopées de ces aventuriers ! Il n’était pas du genre « une femme dans chaque port ».

Le vieux loup de mer regrettait son temps, celui de la voile. Il m’expliquait « pour sauver un bateau sur les mers déchaînées, c’était dur».  Il ne craignait ni les déferlantes, ni les vents furieux.

« J’avais des hommes courageux. La marine, dans le temps, c’était la vraie. Maintenant, la mentalité a changé avec le moteur.

J’ai sauvé des naufragés. Un jour où l’appel de la sirène était insistant, je n’ai pas eu le temps de mettre mon caleçon ! J’ai perdu mon pantalon en me jetant à l’eau ! Je ne rédigeais jamais de rapport car on ne faisait pas la course aux médailles… Nous n’étions heureux que sur l’eau.

J’ai tout fait dans ma vie, même vétérinaire… tout ? Enfin… sauf curé ! J’ai eu la chance d’être inscrit maritime (je ne me voyais pas travaillant sur terre ou à l’usine). C’était le seul métier qui me permettait de voir des pays, de rencontrer d’autres civilisations, d’être libre. Tout se savourait, les ruelles des souks, les épices, le marchandage des bijoux, des tapis, des tissus…

Depuis longtemps la mer est malmenée par les ravages causés par les chalutiers et leurs kilomètres de filets, les chasseurs de baleines, de marsouins, de morses. Les fonds de mer sont raclés. Il n’y a pas si longtemps, les marsouins chassaient ici les sardines, la côte regorgeait d’oursins, de poulpes, de calamars, de daurades… il y avait de tout. »

Tout en se souvenant, il coupait l’espace de sa main comme pour dépoussiérer l’air afin de mieux apercevoir le film de sa jeunesse. Il racontait avec boulimie les aventures de sa vie et ce que les cultures des populations rencontrées avaient pu lui apporter. Ses récits imagés ressemblaient à une exposition.

“Le Télégramme” journal régional, lui a consacré un article tant ce personnage atypique suscitait l’intérêt. (numéro du 27 juillet 1971)

On aurait dit une figure de proue échouée sur une grève de souvenirs.

C’était une belle matinée, l’île s’exposait aux rayons faiblissants du soleil. Au port, la houle faisait danser les bateaux sous un envol bruyant de goélands. Ce 8 septembre 1983, Jean Marie s’éteignait.

Une réflexion sur « Jean Bart, le Corsaire de l’île-Grande »

  1. Jean Bart a navigué avec mon père sur le bateau que j’entretiens chaque printemps, ensemble ils ont fait des pêches miraculeuses. A ce mment il prenait un rôle de pêche et le surplus de poissons il allait le vendre près de chez lui.
    A chaque retour de mer il restait à la maison que j’habite actuellement sur le port, et nous racontait facilement sa vie. Dire qu’il n’avait pas de femme dans chaque port serait peut-être exagéré, sa dernière conquête fût une anglaise dénommée Lady Alicia dont il avait un pull brodé à ce nom, elle possédait un yaht qu’il barrait en méditerranée dont il connaissait tous les ports par coeur sans avoir besoin de cartes.
    De son enfance il racontait qu’il avait été engagé comme moussaillon, et n’ayant pas de vêtements suffisants sur les bateaux de pêche il devait taper sur ses chaussettes pour les faire sécher ou retirer un maximum d’eau de mer. (simple anecdote).
    bien amicalement,
    Alain

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